France Audacieuse y était
Matinale du Cercle des Administrateurs du 25 septembre 2019
« Décryptage des institutions et de l’économie italiennes
avec Mme Linda Lanzillotta, Vice Présidente du Sénat italien«
Caroline Ruellan, présidente du Cercle des Administrateurs, a reçu le 25 septembre dernier Madame Linda Lanzillotta, Vice-Présidente du Sénat de la République d’Italie, député et Ministre des Affaires Régionales.
Cette matinale était centrée sur le décryptage des institutions et de l’économie italiennes. Un sujet d’une actualité toute particulière compte tenu des derniers développements politiques en Italie et sur la scène européenne. En effet, la rapidité avec laquelle l’Italie est sortie d’une année et demie de gouvernement populiste et antieuropéen pour évoluer vers un nouveau gouvernement soutenu par une majorité de centre-gauche, fortement européiste, ne peut que susciter l’intérêt.
Dans ce cadre, l’éclairage apporté par Linda Lanzillotta s’est posé sur l’organisation politique et institutionnelle italienne.
- Rappel des fondamentaux institutionnels italiens
La Vice-Présidente du Sénat italien a rappelé qu’en Italie les idéaux d’unité nationale, de République démocratique et de liberté, se sont affirmés grâce aux relations avec la France, à la suite de la chute du fascisme et lors de l’approbation de la Constitution de 1947.
Précisément, l’expérience de la dictature fasciste et l’inquiétude constante d’éviter le risque d’un possible retour à un régime autoritaire ont conditionné l’organisation retenue : adoption d’un modèle de démocratie parlementaire, dans lequel ce n’est pas le peuple directement, mais les partis dont les groupes parlementaires sont l’émanation, qui désignent le Président du Conseil, qui donnent et qui révoquent la confiance au gouvernement, même en cours de législature.
Par ailleurs, Madame Lanzillotta a souligné que l’introduction d’une loi proportionnelle sans seuil électoral a contribué à aggraver le morcellement et l’instabilité du système.
De ce fait, le Président de la République a uniquement pour fonction de représenter la Nation et son unité, et d’être “arbitre de la crise” lorsque, après les élections ou pendant la législature, un nouveau gouvernement doit être mis en place.
- Focus européen du point de vue de l’Italie
Madame Lanzillotta a souligné que le Traité de Maastricht a obligé l’Italie à la discipline budgétaire avec le Pacte de Stabilité, l’ouverture du marché européen et l’intégration monétaire. Puis la crise de 2008 a conduit à l’explosion de la protestation contre la classe dirigeante et politique, toutes deux perçues comme soumises aux diktats d’une Europe dominée par l’axe franco-allemand et gérées par des intérêts contraires aux intérêts italiens.
De surcroît, les élections européennes de mai 2019 ont renversé le rapport de force entre la Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles. C’est ainsi que dans la foulée, le Parti Démocrate et le Mouvement 5 étoiles ont fait une alliance imprévisible constituant ainsi un nouveau gouvernement hypereuropéiste. Le Mouvement 5 étoiles a donc décidé de soutenir Mme Ursula Van der Leyen aux côtés des forces européistes. Les voix du Mouvement 5 étoiles ont été finalement décisives pour l’élection de la nouvelle présidente de la Commission.
La Vice-Présidente du Sénat italien insiste donc sur le fait que cette élection a donné de nouveau à l’Italie un rôle central dans l’échiquier européen et a donné au premier ministre Conte, qui a géré l’opération à Bruxelles, une nouvelle crédibilité interne.
Madame Lanzillotta s’est félicitée que l’objectif des souverainistes de briser l’Europe et de contrer le projet européen –objectif soutenu par des puissances étrangères – a échoué. L’Italie joue à nouveau un rôle central dans le cadre de la gouvernance européenne.
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Pour conclure, Madame Lanzillotta a souligné que la nomination de Paolo Gentiloni au portefeuille de l’économie, fortement appuyée par le Président Macron et par la Chancelière Merkel, a une portée symbolique : c’est le signe que les trois principaux pays fondateurs de l’Union européenne pourront à nouveau travailler ensemble à une nouvelle Europe pour garantir la croissance, le bien-être social et la paix.
Adressant ainsi un message d’espoir, Madame Lanzillotta a rappelé que de nombreuses entreprises qui ont des relations avec les deux pays pourront certainement bénéficier de l’amélioration des relations entre les deux pays. Dans ce contexte, elle a souhaité que la rédaction du Traité du Quirinale (interrompue lors de la formation du gouvernement Ligue – Mouvement 5 étoiles) soit reprise. A l’instar du Traité d’Aix-la-Chapelle signé par la France avec l’Allemagne, ce traité pourrait faciliter les relations économiques, culturelles et institutionnelles entre l’Italie et la France.
L’avis de France Audacieuse
Les matinales du Cercle des Administrateurs, présidée par Caroline Ruellan, sont toujours d’une grande qualité. Cette édition n’a pas failli à la règle.
Madame Lanzillotta a, par son parcours et son recul, partagé avec l’auditoire sa perception du système parlementaire italien. Elle en montré les faiblesses mais aussi toutes ses qualités, notamment sa capacité à institutionnaliser les forces anti-système au sein même du parlement . La vice-présidente du Sénat italien a par ailleurs répondu en toute franchise aux très nombreuses questions du public nombreux venu l’écouter, démontrant un sens aïgu de la responsabilité face à cette période charnière de la construction européenne que nous traversons.
France Audacieuse couvrira les prochaines matinales du Cercle des Administrateurs.
