« Agir sur l’ADN »
24 ème petit-déjeuner de la science du 21 septembre 2017
à la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale
Le 24è petit déjeuner de la science et de l’innovation s’est tenu le jeudi 21 septembre à l’Hôtel de l’Industrie.
Le Pr Bernard Dujon membre de l’Académie des sciences, professeur émérite à l’université Pierre et Marie Curie et à l’Institut Pasteur traitait du sujet : Agir sur l’ADN
Durant près d’une heure trente, l’exposé passionnant a fait le point sur l’avancée des recherches. Son discours adapté à un public non averti était d’une très grande rigueur scientifique. En particulier il a remis en perspective un certain nombre de représentations de vulgarisation inexactes ou fantasmatiques. Nous en rapportons ici les éléments essentiels.
Si l’ingénierie des génomes est d’actualité, en réalité elle date de plusieurs décennies au cours desquelles des progrès considérables ont été accomplis. L’ADN est devenu une sorte de mot « valise ». On sait « copier-coller » pour modifier la cellule vivante en la rendant capable d’intégrer quelque chose ce qui donne un ADN modifié. Des ciseaux moléculaires permettent de couper l’ADN, d’y introduire les morceaux de gènes que l’on veut intégrer et de les coller avec « une super glue » de chaque brin ouvert. Au début les manipulations étaient longues et fastidieuses. En 2012, le CRISPR-CAS apparaît. Cet outil extrêmement simple, peu coûteux est très rapide. Il permet la coupure efficiente de l’ADN sur un seul site. Il est accessible à toutes les séquences naturelles existantes. Par exemple on sait qu’Homo sapiens disposait de 23.000 gènes codant des protéines. Sur un plan technique la limite ultime d’étude de l’ADN ancien se situe autour de 40 à 50.000 ans.
Pour modifier le génome, on utilise des morceaux de génomes d’Adénovirus ou de Lentavirus comme outil de pénétration dans le génome. La transgénèse « classique » est un processus naturel. Cette technique est utilisée par exemple dans la thérapie génique. Le conférencier cite des essais cliniques sur des enfants leucémiques à quelques jours de leur mort. La thérapie génétique classique consiste à introduire un gêne sain en remplacement de celui qui est défectueux. Mais on ne peut constater les modifications effectives qu’a postériori car la modification peut concerner plusieurs gênes. Pour être le plus efficient possible on peut se servir d’une « flèche » pour guider l’ADN introduit sur le site voulu. Un petit ARN constitue alors une flèche pour modifier l’ADN. On oriente alors la modification au cas par cas au lieu d’outils multi-usages.
Néanmoins on ne sait pas répondre aux questions de déterminisme, de pénétrance de variabilité des mutations ou du manque d’héritabilité.
Quoi qu’il en soit, nous sommes tous des mutants. On sait que les hommes enregistrent 1 mutation par année d’âge alors que les femmes n’en subissent que 0,25 par année d’âge.
Conclusion de France Audacieuse
Cette conférence passionnante aurait pu aller encore plus loin car ces propos de chercheur fondamentaliste n’abordent pas les questions éthiques posées par exemple sur les animaux mosaïques comme les bovins ou les ovins même si ces manipulations interdites pour les hommes sont pourtant techniquement possibles. De même, on aurait aimé poser la question de l’épigénétique qui montre que des évènements extérieurs (climat, nourriture, comportement, etc.) peuvent modifier le génome et son expression phénotypique (la couleur de la peau, l’aspect petit et râblé du nord ou au contraire l’aspect grand et gracile du sud, etc.
Dr Jacques Hassin
30 septembre 2017
PS : La conférence est visible sur twitter de la société d’encouragement @IndustrieFrance