« Une finance au service du bien commun :
utopie ou option sérieuse ?»
Les Rencontres de France Audacieuse
Troisième édition le 28 janvier 2018 avec Monsieur Bertrand Badré
Ancien Directeur général de la Banque Mondiale
et Président fondateur de Blue Like an Orange Sustainable Capital
Alexia Germont, Présidente de France Audacieuse, ouvre la Rencontre en présentant Bertrand Badré.
Ancien Directeur général et directeur financier de la Banque Mondiale, il a représenté dans ce cadre le Conseil de stabilité financière au G7 et au G20. Auparavant, il avait exercé les fonctions de directeur financier des groupes Société Générale et Crédit Agricole, après avoir été associé de la Banque Lazard à Paris, New York, Londres et encore auparavant inspecteur des Finances, diplômé de l’ENA, de Sciences-Po Paris, de HEC et de la Sorbonne.
A son retour de Davos et quelques jours avant de rencontrer pour un débat, à Londres, l’ancien premier ministre Gordon Brown qui a préfacé son livre « Money honnie », Bertrand Badré, Président-Fondateur du fonds d’investissement dans le développement durable – Blue Like an Orange Sustainable Capital- s’arrête ce soir aux Rencontres de France Audacieuse pour parler de sa vision du monde de l’après crise 2008, dix ans après. L’idée d’une finance au service du bien commun est bien plus qu’un simple concept attirant ; de réelles prises de conscience se font sentir. Car ce n’est pas la finance qui doit trouver sa voie, c’est la société toute entière qui doit prendre ses responsabilités individuelles et collectives pour décider dans quel monde nous voulons vivre.
A cette fin, Think Tank indépendant créé fin 2016, France Audacieuse est un laboratoire d’idées, libre dans le ton, regroupant des personnalités issues de la société civile, légitimes par leurs parcours et leurs compétences et sans attaches dogmatiques. Association à but non lucratif, effectuant un travail de pédagogie auprès du plus grand nombre, reconnue par l’administration fiscale comme organisme d’intérêt général à caractère scientifique et social, France Audacieuse vise à faire entendre les propositions de la société civile dans le débat démocratique autour de deux axes phares :
- un pilier « Economie » traitant essentiellement de la richesse produite au travers des sujets économiques, bancaires, financiers et juridiques. L’innovation et l’entrepreneuriat sont au cœur de ses préoccupations.
- un pilier « Organisation Sociétale » couvrant les politiques de santé, les nouvelles technologies, l’environnement, la Défense (y compris la lutte contre le terrorisme), la culture, le sport et la cohésion sociale.
France Audacieuse regroupe aujourd’hui 20 contributeurs, a déjà produit plus de 150 publications, rassemblé 150 000 visiteurs uniques et près de 600 000 visites de son site internet ; et les média relaient à présent son action.
Ouverture de la conférence
Bertrand Badré commence son intervention en remerciant Alexia Germont et France Audacieuse de l’avoir invité. Il revient en effet de Davos où tout le monde se réjouissait, disait que cela allait mieux et que la crise était enfin derrière nous. Cependant, les vrais problèmes n’ont pas été traités : le système financier n’a pas été repensé, les fractures issues de la crise n’ont pas été résorbées et cela à un moment où il n’y a plus vraiment de leadership dans le monde. Dans ce contexte, la France et l’Europe ont une voix à porter qui est différente de celle des États-Unis et de la Chine. Car c’est un moment important, où pour la première fois depuis 10 ans, le FMI a revu à la hausse ses prévisions : c’est le moment de s’interroger et de se demander si l’on n’est pas trop complaisant, de se poser un certain nombre de questions.
On est en effet passé très près du gouffre en octobre 2008 : on discutait alors aux Etats-Unis du Plan Paulson qui devait sauver les banques américaines après la faillite de Lehman Brothers, en injectant 700 milliards de dollars pour racheter leurs actifs toxiques. Or cela aurait fixé un prix du marché s’imposant à la planète entière, donc aux banques européennes. A l’issue d’une réunion de crise, on a alors convaincu l’IASB (autorité comptable internationale pour les normes IFRS) qu’il était urgent de suspendre ce marché pendant 15 jours.
On est aujourd’hui dans une croissance générale mondiale de 3,9%, alors que depuis la crise on était entre 2% et 3% (on était avant la crise à 5%). On est donc plutôt content avec un sentiment d’un retour à une certaine normalité. Mais de nombreux problèmes d’ordre géopolitique demeurent : Corée du Nord, Iran. Et on voit par ailleurs, se dessiner une situation de transition avec un duopole de fait : la Chine et les Etats-Unis. Avec deux modèles qui émergent : le modèle de l’État chinois qui se pare des vertus du libre échange mais où 70% à 80 % des investissements extérieurs chinois sont le fait de sociétés d’État et le modèle américain qui, avec comme stratégie « America first », n’oublie pas ses intérêts stratégiques. Et l’Europe, avec ses difficultés internes, est au milieu de ces deux modèles.
Des plaques tectoniques sur lesquelles on a assez peu de prises, continuent de bouger dans le monde et ce retour à la « normale » n’est pas satisfaisant. Un nouveau cycle émerge mais il n’y a plus de maître du monde aujourd’hui comme cela a pu être le cas avec les Etats-Unis en 1945 ou même encore en 1980.
On n’est pas mort, on a colmaté le système mais les brèches demeurent et on ne sait pas très bien où on va. Donc il y a un défaut de réflexion sur le monde qui émerge et il faut essayer d’encadrer un peu ce qui se passe : on doit être un peu plus réactif et mener un travail de réflexion. C’est ce que Bertrand Badré a tenté dans son livre, Money honnie. Il rappelle les deux cautions qui ont préfacé son ouvrage : Gordon Brown (à qui le sauvetage de l’époque doit beaucoup) pour la version française et Emmanuel Macron (qui s’intéresse beaucoup à ces questions d’innovation et de développement) pour la version anglaise.
Pendant les 20 dernières années, Bertrand Badré a en effet pu voir la finance sous toutes ses formes ; il a commencé à l’Inspection des Finances, a été banquier d’affaires à Londres au moment de la bulle Internet, à New York quand elle a explosé ; il a travaillé sur les questions du développement avec Michel Camdessus et Jacques Chirac. Il a été Directeur financier du Crédit Agricole avec un bilan de 1 600 milliards d’euros lors de la chute de Lehman Brothers. Puis il a été à la Banque mondiale ce qui lui a permis d’avoir un regard para-public depuis Washington avec la prise en compte du point de vue des pays émergents sur la crise ; cela lui a aussi permis de voir la gouvernance internationale, ce qui lui a fait prendre conscience du poids relatif de la France et de la dynamique collective et complexe des grandes structures internationales avec l’émergence de nouveaux pouvoirs. On est de moins en moins dans un format G7 où on se connait à peu près, et de plus en plus dans un format G20 où il est plus compliqué de travailler ensemble car il faut apprendre à se parler.
Les deux principaux messages qu’il souhaite partager avec son auditoire sont les suivants :
- On a colmaté les brèches et on évité les erreurs des années 30 mais sans trop savoir où on va ; il y a un vrai travail de repositionnement à faire et le nouveau modèle n’a pas encore émergé.
- L’argent est un très mauvais maître et un bon serviteur ou encore, pour reprendre les mots de Sainte Thérèse d’Avila, l’argent est un excrément du diable et un merveilleux engrais. Donc il faut repenser un système global, économique et financier, qui doit servir l’humanité et non pas se servir.
Il y a eu ces 30-40 dernières années un glissement : on est passé de la révolution des années 1980 avec Reagan et Thatcher qui s’est imposée à la planète, à la période actuelle avec Trump et May. En face de cela, on a l’émergence du modèle étatique chinois, et au milieu il y a la France et l’Europe qui ont leur rôle à jouer.
Il faut donc revenir à la crise et ses conséquences, voir ce qui s’est passé et ce qu’il faut en retenir. Puis, voir ce qu’on a fait et où on en est aujourd’hui. Et enfin, proposer quelques pistes pour la suite.
Si on prend un peu de recul et qu’on analyse 1929, la dernière très grande crise mondiale, on voit qu’on avait alors fait toutes les erreurs :
- Un protectionnisme généralisé qui a provoqué -40% à -50 % de baisse du commerce mondial ; on a évité cela en 2008 ;
- Deuxième erreur que l’on a évitée : on n’a pas laissé les banques faire faillite (à part Lehman Brothers) ; 50 % des banques américaines avaient fait faillite entre 1929 et 1933 ; la première décision prise par Roosevelt a été de décréter un bank holiday : il a fermé toutes les banques pendant 10 jours et fait sa première allocution radiophonique pour convaincre les Américains de remettre leur argent dans les banques, ce qui a réussi et a arrêté le domino des faillites.
- La troisième erreur qui n’a pas été faite, c’est l’austérité. Ce qui a été fait aujourd’hui n’a rien à voir avec les années 30 et la déflation du Chancelier Brüning. De 2009 à 2010 il y a même plutôt eu des politiques de relance tirée par les Chinois.
A la crise des années 1929 et à la 2e Guerre Mondiale, succède un cycle très constructiviste (le Plan Marshall, les accords de Bretton Woods, la construction européenne, puis les 30 Glorieuses), système qui fonctionne plutôt bien jusqu’à la guerre du Vietnam, où les Etats-Unis suspendent la convertibilité or du dollar. Ce qui aboutit alors à un système général de monnaies flottantes. Et ce cycle débouche sur ce qu’on a appelé la Révolution libérale avec Reagan et Thatcher. C’est le fameux consensus de Washington qui fonctionne jusqu’à la crise de 2008-2009.
On a évité les erreurs précédentes mais cette crise 2008-2009 a trois facettes :
– C’est une crise de l’innovation financière : elle n’était pas contrôlée et on n’en mesurait pas l’utilité.
– C’est une crise de la régulation et de la supervision. La régulation, ce sont les normes qui s’imposent à un système et la supervision s’assure que ces règles sont mises en œuvre. Ainsi en 2007, il y a eu deux offres concurrentes sur ABN AMRO: deux groupes bancaires se battaient pour un troisième et on s’est rendu compte après qu’ils n’avaient pas de fonds propres. Le superviseur anglais a laissé faire. A l’époque, les Britanniques n’avaient pas de régulateur et les Américains en avaient trop, ce qui permettait aux malins de se faufiler entre les règles.
– C’est une crise de la mondialisation légale et éthique face à la mondialisation financière. Cela a été illustré le 16 septembre 2008 lorsque Lehman Brothers a tout rapatrié aux États-Unis, lors de sa faillite. Cette crise a révélé les défauts techniques et également éthiques d’un système supposé s’autoréguler.
Le prix de la crise a été la hausse du chômage, un dérèglement économique, une perte de richesse créée de 20% à 25 % et surtout une perte de confiance. On a généré une crise de confiance que l’on sent encore aujourd’hui. Or l’économie de marché comme la démocratie, a besoin de confiance.
Ainsi en 2008 on pensait qu’il s’agissait d’une crise financière et en France, pendant l’été, on discutait du revenu de solidarité active de Martin Hirsch et de son coût. Or après la faillite de Lehman Brothers, on a su trouver en 15 jours, 420 milliards d’euros pour « sauver » les banques françaises, alors qu’il a fallut des mois pour trouver 1 milliard pour le RSA. Aux États-Unis aussi, on a trouvé en 15 jours 700 milliards de dollars pour les banques. On n’avait pas le choix et on devait prendre ces décisions, mais on a mal expliqué les choses et la confiance s’est brisée depuis, ce qui pose un vrai problème.
Le résultat de cette crise est que la maison est toujours debout mais on l’a fissurée- on a mis le feu avec la crise et pour éteindre ce feu on l’a inondé de liquidités d’où un dégât des eaux en plus de l’incendie – et on n’a pas pris la mesure de ce qu’il fallait reconstruire derrière. On n’a pas eu une approche holistique. On ne s’est pas demandé quelle économie voulait-on financer alors que l’on devrait discuter du business model, car la stabilité financière, la finance fait partie du bien commun. Il faut donc aller plus loin car sait-on vraiment ce qui se passe et comment cela se passe partout dans le monde ? Un certain nombre de questions n’ont pas été traitées et les acteurs se les posent. Aujourd’hui les banques gagnent beaucoup d’argent mais leur rentabilité n’est plus du tout la même, avec un poids considérable de la conformité qui est en train de transformer profondément le métier. Le problème avec la compliance est que l’on abdique l’intelligence ; on fait un système rigide.
On a donc un système bancaire qui se cherche et ne s’est pas encore trouvé. On parle aujourd’hui des Fintechs, demain ce sera Amazon, Google. Mais a-t-on là le modèle pour les banques dans l’avenir ? On relève par ailleurs une très forte concentration des actifs gérés. Ainsi BlackRock qui gérait plus de 200 milliards de dollars, en gère aujourd’hui 6000 milliards : on n’a jamais eu dans l’histoire de l’humanité une telle concentration de richesses. Il y a 10 groupes dans le monde qui gèrent 30000 milliards : leurs équipes sortent des mêmes écoles et appliquent les mêmes modèles ; le jour où cela craque, n’y a–t-il pas un risque de les voir prendre la même décision, amplifiant ainsi le phénomène ?
Et il y a aussi un problème sur les rendements très bas des fonds de pension et de l’assurance vie. Enfin avec le multilatéralisme qui est moins en vogue notamment aux États-Unis.
Donc aujourd’hui les trois pôles du système financier vont plutôt mieux. On a colmaté les brèches mais on n’a pas repensé le système et on n’a pas répondu aux questions : comment refinancer les économies, avec quels acteurs et pour faire quoi.
Bertrand Badré a travaillé pour un Think Tank à Washington, Peterson Institute For International Economics avec Olivier Blanchard qui a organisé en octobre un colloque avec Lawrence H. Summers (Harvard University) sur le thème Rethinking Macroeconomics after the crisis. La conclusion est que l’on n’a pas encore commencé à repenser car on a tous envie de revenir à la période d’avant. Or cela revient à passer sur la redéfinition de ce qui vient après.
Lors de ce colloque Carmen Reinhart (économiste et co-auteur avec Kenneth Rogoff du livre « Cette fois c’est différent » ouvrage traitant des crises financières dans le monde depuis l’Europe médiévale) s’est interrogée sur la question de la dette : ainsi le Japon a une dette de 150% de son PIB or la plus grande partie de cette dette est détenue par la banque du Japon; pourquoi ne pas annuler cette dette ? Cette question n’est ni simple ni illégitime. D’autres questions peuvent être posées auxquelles on apporte les mêmes réponses qu’avant or on ne peut raisonner sur la dette publique aujourd’hui comme il y a 10 ans ; ainsi les banques centrales qui ont acheté massivement des obligations : pourquoi n’ont-elles pas acheté des obligations vertes ?
Mais quelles idées peut-on discuter pour l’avenir ? Le problème est qu’on n’est pas devant une feuille blanche. On a déjà signé la feuille de route : en 2015 on a eu trois conférences internationales importantes autour de la question climatique et du financement du développement, posant des engagements signés par tous les chefs d’Etat de la planète. Or cela coute très cher et il faut trouver des financements.
La difficulté, alors que le PNB mondial est de 80 000 à 100 000 milliards de dollars, est que l’aide publique au développement est de 150 milliards : si on fait l’intervention combinée des différentes organisations comme le FMI, la Banque mondiale, la BEI, la BEIRD, la Banque Africaine, etc…on oscille entre 120 à 180 milliards selon les années.
Les conférences Cop 21, Cop 22 et Cop 23 ont en outre posé qu’il fallait 100 milliards pour aider les pays en développement. Cela fait environ 200 milliards de ressources publiques face à des besoins qui ont été chiffrés entre 3000 et 4000 milliards par an. Se pose la question de savoir comment passer de centaines de milliards à des milliers de milliards ?
Au niveau macro-économique, en utilisant les ressources nationales que chaque pays doit mobiliser pour ses besoins : développer l’épargne locale et l’impôt. Et en réorientant une partie de l’épargne concentrée dans les économies développées vers les pays émergents.
Mais au niveau micro économique que doit-on faire ? Il faut avoir une approche plus holistique de la réglementation ; enfin il y a la question de l’éthique. Il faut que tous les établissements prennent en compte les dimensions de « accountability » et de « responsibility ». Il faut responsabiliser les financiers à tous les niveaux et commencer cela dès l’école.
Sur les 150000 milliards de dettes dans le monde, il n’y a que 100 milliards de green bonds. Cela reste petit mais cela peut changer et il faut encourager ce mouvement. De même la question sur l’objet d’une entreprise est un vrai débat.
Il est ainsi urgent de débattre chez nous de ces différentes questions qui sont débattues ailleurs, à Oxford, Stanford et Singapour.
On n’a donc pas recalé le système économique ; celui-ci est encore très déréglé et cela, dans un cadre géopolitique qui est très difficile. Et on voit cette tentation du repli sur soi ; il faut donc être très attentif. Dans ce contexte, il y aura une autre crise c’est certain. Quand ? On ne le sait pas et on ne sait pas si on pourra y faire face.
Pour conclure son intervention, Bertrand Badré rappelle quelques principes :
- Cet argent est le nôtre donc à nous de dire ce qu’on veut en faire et le faire entendre par l’intermédiaire des réseaux sociaux par exemple.
- Toutes ces questions relatives au climat et au développement, nécessitent une collaboration entre le secteur public, le secteur privé et la société civile. Comment peut-on apprendre à travailler ensemble, à faire que le public et le privé travaillent ensemble ? On a un premier exemple là-dessus : c’est Singapour.
- On doit avoir un regard différent sur tous ces sujets ; mais il ne faut pas réinventer les structures internationales ou l’Europe, il faut faire fonctionner ce qui existe, les réformer au besoin pour les rendre plus efficaces.
- Il faut un multilatéralisme rénové.
- Il faut réfléchir aux questions liées à la technologie et au digital ; ce n’est pas en Californie ou en Chine que les décisions qui nous concernent doivent être prises.
- On n’a jamais été aussi riches, autant informés avec autant d’outils, donc il faut faire en sorte de retrouver une finance qui soit serviteur et éthique.
Après quelques questions de la salle, la soirée est clôturée par Alexia Germont qui annonce le sujet de la prochaine Rencontre qui se tiendra dans le même lieu, le jeudi 5 avril 2018 à 19h30, autour du thème « Intelligence artificielle et Ethique» avec le Professeur Christian Hervé, Directeur du laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale de l’Hôpital Necker et Président de la Société française et francophone d’éthique médicale, et le docteur Philippe Charlier, médecin légiste, anatomo-pathologiste et paléopathologiste. Le Docteur Jacques Hassin sera l’organisateur et le modérateur de cette Rencontre.
15 février 2018