Etats-Unis
Scènes françaises de vaccination à Los Angeles
Les regards décalés d’Ariane Sauvage
correspondante de France Audacieuse en Californie
Pour certains membres de la communauté française de Los Angeles, la vaccination s’effectue sans difficulté. « Ma femme nous a inscrits début janvier sur le site du Los Angeles County qui gère les rendez-vous » raconte Martin, « Un dimanche, elle a reçu sur son téléphone une alerte disant qu’il y avait des vaccins disponibles dans la semaine qui commençait. Elle a essayé d’avoir un rendez-vous pour le vendredi, mais elle n’a pas répondu à temps, la connexion a expiré. Elle revenue en ligne et là, subitement il y a eu une ouverture pour le mardi. Nous étions à la montagne, mais bien sûr j’ai sauté dans le premier avion pour Los Angeles. Le centre de vaccination avait été installé à l’Université de Northridge, j’y étais à l’heure et en 40 minutes, c’était fait. Nous avons eu de la chance. Nous ne saurons jamais pourquoi il y eu cette possibilité alors que le système est pris d’assaut mais peu importe…ce sont des situations où il ne faut pas réfléchir. »
Pourtant les autorités de l’État de Californie sont la proie d’un torrent de critiques acerbes depuis le début du mois de janvier (aux États-Unis, la vaccination anti Covid a commencé le 15 Décembre).
Par médias et réseaux sociaux interposés, les professionnels de la Santé, des responsables de maisons de retraite ou de simples particuliers s’échangent leurs réactions :
« Le Gouverneur, Gavin Newsom, nous a promis des merveilles et nous a sans arrêt déçus. Nous avons un retard terrible, sur les 50 états de l’Union seulement trois sont plus lents que nous ». « Ce n’est pas de la faute du Gouverneur si nous manquons cruellement de vaccins. Heureusement l’administration Biden est beaucoup plus efficace que celle d’avant », tempère un autre, « Et la Californie, avec ses 58 Counties et ses communautés très diverses est difficile à organiser. Une fois vacciné le personnel médical qui passe en premier partout, certains Counties restreignent aux plus de 75 ans, alors que pour d’autres, comme le Los Angeles County, font vacciner à partir de 65 ans. » « La plate-forme de prise de rendez-vous était sursaturée la plupart du temps » raconte une femme qui cherche un rendez-vous pour son père, « les critères d’éligibilité ont changé trois fois depuis début Janvier, on n’y comprend rien ».
Et pourtant, la Californie a cruellement besoin de cette campagne de vaccination.
Dans la deuxième semaine de Janvier, les chiffres ont explosé, avec 42,655 nouveaux cas et 637 morts en date du 15. Le 25 Janvier, on annonçait plus de 35,000 décès dans l’État dus au Covid-19 depuis le début de la pandémie. A cette date aussi, l’État a déjà reçu 5 millions de dose et en a administré 45%. Le 21, quand le Riverside County a mis en ligne 3,900 offres de rendez-vous, ils sont partis en 32 minutes. Depuis le début du mois de février cependant, la situation semble s’améliorer et dans un post sur Instagram du 5 février dernier, le Gouverneur a pu annoncer l’ouverture de nouveaux centres et 1,7 millions de personnes ont pu se faire vacciner dans les sept derniers jours.
A Los Angeles, c’est le Dodgers Stadium qui accueille maintenant le plus grand site de vaccination du County. Un des piliers de la ville, et de la Major League of Baseball, le Dodgers Stadium, est, avec ses 52,000 places, le plus grand complexe sportif à l’Ouest du Mississippi. Au printemps, il est surtout devenu un centre de dépistage qui a réalisé environ 1 million de tests depuis le 15 Mai. En Janvier, les autorités l’ont reconverti en un méga centre de vaccination massive, qui opère sous la direction du département des pompiers. Arnold Schwarzenegger a mis sur YouTube la vidéo de lui en train de recevoir la piqure en commentant avec l’une de ses plus célèbres répliques de Terminator : « Suivez-moi si vous voulez vivre. ».
Un autre français, Alain, avait lui aussi son rendez-vous au Dodgers Stadium. « Je ne comprends pas toutes ces critiques, j’avoue, j’ai pris mon rendez-vous en ligne sans trop d’attente, il faut donner son âge et une preuve de sa résidence, et après c’est bon. » Il avait rendez-vous à 8h30 du matin. « Je suis parti de chez moi à 7.30, suis arrivé très vite puisque de toute façon il n’y a plus personne qui bouge, plus de circulation sur les freeways » A l’arrivée, le personnel l’oriente vers l’une des vingt-cinq files du parking. « C’est très bien organisé », raconte-t-il « Le personnel vous dirige vers une allée, puis comme une fiole de vaccin contient cinq doses, ils vous rassemblent en un groupe de cinq voitures. On reste tout le temps à l’intérieur, le bras gauche dénudé et prêt. Une fois le vaccin injecté, ils vous demandent de rester quinze minutes pour voir si l’on développe des réactions allergiques, puis on rentre chez soi. En tout cela m’a pris même pas deux heures. Quand le parking est rempli de voitures et comme il est opérationnel 12 heures par jour, je suppose qu’ils pourraient bien faire 8000 vaccinations par jour. ».
Pour Florence, française également présente au Dodgers Stadium : « Non seulement ça va vite, mais en plus le personnel sur place est vraiment gentil. Une fois dans la file, c’est un volontaire, souvent un étudiant, qui vérifie votre nom sur son iPad, puis prévient les infirmiers. Alors qu’ils doivent être épuisés, ils sont patients, sourient, vous expliquent tout. » Une petite déception tout de même chez Axel : « C’est allé tellement vite (…) Heureusement, ça y est, j’ai déjà reçu le mail m’informant que je recevrai par mail et par texto dans les deux semaines mon rendez-vous pour la deuxième dose. Non, franchement, le système marche très bien et pour une fois, ce ne sont pas les Français qui vont râler. »
6 février 2021