Guillaume Cerutti, a été le directeur général du Centre Pompidou de 1996 à 2001, puis directeur du cabinet de Jean-Jacques Aillagon, alors ministre de la Culture. Depuis, il s’est tourné vers le marché de l’art, d’abord chez Sotheby’s, puis chez Christie’s. Fort de ces expériences, il établit dans cet ouvrage un état des lieux de la politique culturelle. Conçu comme un abécédaire d’une vingtaine d’articles de 4 à 5 pages chacun, G. Cerutti rend chaque fait accessible à tous en le rattachant à une anecdote ou un fait lié à l’actualité en début de chapitre.
Dans son avant-propos, G. Cerutti décrit l’actuelle richesse artistique et culturelle de la France. Celle-ci se compose à la fois d’un héritage de monuments historiques, d’une création contemporaine vive, desservie par un réseau d’équipement étoffé, facilitant la diffusion culturelle au plus grand nombre. La formation spécialisée et le financement adapté soutiennent cette politique culturelle mise en place en 1959 par André Malraux et qui connaît actuellement un déclin.
La majorité des propositions faites par Guillaume Cerutti semblent réalisables et tiennent compte du besoin de moderniser nos institutions et d’inscrire la politique culturelle sur un plan international. La réflexion sur la gouvernance culturelle est une priorité pour faire face aux enjeux contemporains.
Il serait possible de regrouper les divers articles en trois grandes thématiques:
- Replacer l’artiste et la création française au coeur des missions du Ministère de la culture
- Moderniser les structures culturelles
- Réaffirmer le rôle central du Ministère de la culture
- Replacer l’artiste et la création française au coeur des missions du Ministère de la culture
Architecture :
Aujourd’hui, force est de constater l’absence d’ambition architecturale, qu’elle soit artistique ou urbanistique. Le rapport de 2014 de Patrick Bloche indique que les constructions privées sont faites sans architecte et avec une réduction des responsabilités de ce dernier. L’application mécanique des normes de sécurité et la constante recherche du bas coût provoque cette standardisation des productions.
→ À l’Etat et aux collectivités territoriales de lancer des concours ambitieux, en s’appuyant sur un partenariat public-privé judicieux. Ces créations pourraient ensuite devenir des pôles d’attraction touristique.
Artiste / Intermittent :
S’il est bien souvent écarté des gouvernances d’institutions culturelles, Guillaume Cerutti approuve cette tendance et souhaite qu’il y ait plutôt des améliorations pour soutenir la création.
Le nombre d’allocataires au régime des intermittents augmente alors que la durée des périodes travaillées se raccourcit, creusant chaque fois plus le déficit de ce régime allant maintenant jusqu’à 1 milliards d’euros par an. Le poids se fait sentir sur l’Unedic qui essaie alors de durcir les modalités de calcul. En 2016, suite aux négociations, l’Etat a souhaité compenser la différence par un apport d’une centaine de millions d’euros en pérénisant le fond de soutien et de financement pour l’assurance chômage. Cette aide pourrait changer avec le nouveau gouvernement.
→ 2 situations sont à régler en priorité : traiter de manière équitable les intermittents travaillant dans le spectacle vivant et ceux dans l’audiovisuel. Ensuite, il convient de distinguer le statut des artistes de celui des techniciens, ces derniers sont plus nombreux et leurs allocations sont bien plus élevées…
FRAC:
Les Fonds régionaux d’art contemporains ont été créés en 1982. Cofinancés par l’Etat et la région, ils ont pour but la diffusion de l’art contemporain. Mais quel type d’art contemporain? Actuellement la peinture est délaissée au profit d’autres formes artistiques. Les FRAC pourraient-elles encourager l’émergence de peintres locaux?
Bilan chiffré: 250 employés travaillent dans les 23 FRAC. Elles possèdent au total 26 000 oeuvres de 4000 artistes différents. 35 % de ces oeuvres sont montrées chaque année au public composé de 1,5 à 2 millions de visiteurs par an.
Pour G. Cerutti, les FRAC devraient moins acquérir et plus favoriser l’émergence d’artistes en créant des résidences artistiques, en aidant à monter leurs premières expositions. La dernière loi sur la liberté de création a renforcé les collections des FRAC, sans les insérer dans une réflexion de fond sur ces structures qui sur le long terme peuvent rivaliser avec les musées. Si les FRAC ont multiplié les prêts et dépôts envers les musées, l’idéal pour G. Cerutti serait de relier une FRAC à un musée pour inscrire son action dans une politique patrimoniale et historique.
Galeristes:
Comme Yvon Lambert, plusieurs galeristes engagés depuis plusieurs décennies ferment leurs portes. Jusqu’à présent, le galeriste était comme un passeur et formait un couple avec l’artiste partageant avec ce dernier un intérêt matériel, une complicité et se faisant mutuellement confiance. Ces dernières années, le marché de l’art a été bouleversé par la vente sur Internet et la multiplication de foires internationales.
→ Face à cette pression, il pourrait être envisagé qu’une aide de l’Etat soit reversée aux galeries pour contribuer à l’enrichissement artistique du pays.
Grands projets:
Dès 1977, le Centre Pompidou, le Grand Louvre, l’Opéra Bastille, la Grande Arche ont été construits. Les grands projets soutenus par le gouvernement se sont maintenus jusqu’en 2012, lorsqu’ Aurélie Filippetti a souhaité faire preuve d’économies. À long terme, supprimer l’aide à la création du patrimoine monumental et artistique se révèle néfaste et implique également une baisse de l’attractivité. Depuis, d’autre projets ont vu le jour, comme le MuCEM à Marseille, la Fondation Louis-Vuitton, le musée Soulages à Rodez. Ils apparaissent plus comme des projets circonstanciels que les étapes d’un plan élaboré sur le long terme.
→ Il y a donc urgence d’élaborer une stratégie d’ensemble, le besoin de repenser l’organisation de ces chantiers sans sous-estimer systématiquement leurs coûts et en prenant en compte les frais de fonctionnement. La solution semble se trouver dans la multiplication de partenaires financeurs et dans l’association d’acteurs privés.
- Moderniser les structures culturelles
Cinéma / TV
Le cinéma est l’exemple de la réussite de la politique culturelle française! Son réseau est excellent et comprend 2000 salles, une haute fréquentation et représente près de 35/40% de la part du marché, sans compter sur un succès national et international. Le cinéma français se place donc en 3ème position au niveau mondial.
Le financement de cette industrie culturelle est originale, depuis 1946 avec le CNC. Basé sur des taxes sur la billetterie, les éditions et la diffusion TV, le CNC contribue ainsi à financer la création selon un cadre réglementaire.
La télévision connaît elle aussi une mutation considérable. Les acteurs sont multipliés et diversifiés, certains provenant du monde de la communication ainsi, Amazon lance sa propre plate-forme et Netflix débarque en Europe. Ces derniers, par leur nature, ne sont pas soumis aux même contraintes que les acteurs de l’audiovisuel français.
→ Des ajustements sont à présent nécessaires, comme le rappelle le Rapport de René Bonnell en 2014: la vidéo est fragilisée, l’exportation hors du territoire n’est pas assez soutenue car les efforts sont concentrés sur la production. Il serait aussi important de revoir la programmation, car l’embouteillage dans les sorties de films s’accroît: près de 300 nouveaux films en 2015!
Par ailleurs, le fonctionnement actuel du CNC et des chaînes françaises de TV est menacé par la présence de diffuseurs non soumis aux mêmes obligations comme YouTube, Amazon, Netflix. Il est nécessaire d’avoir un engagement politique de haut niveau afin de donner plus de liberté aux chaînes françaises en attendant de consolider le secteur de la production.
BNF /Opéra / Spectacle vivant:
L’Etat devrait les soutenir, soit dans en aidant à la mise en valeur des fonds récemment numérisés, soit, en accompagnant l’évolution du statut des intermittents. Notre modèle s’essouffle: l’Etat dédie chaque année près de 700 millions d’euros en plus de l’aide apportée aux intermittents du spectacle. Face au déclin de la subvention publique, les institutions essaient de développer les recettes en billetterie et d’optimiser les coûts techniques et administratifs. La France est le pays où l’on crée le plus de spectacles, mais le nombre de représentations est très faible, ce qui crée des difficultés de rentabilité et d’emploi.
→ La diversification des publics est aussi à repenser. Le partage entre les aides d’Etat et des collectivités territoriales gagnerait à être repensé, notamment par région. Il pourrait être mis en place une gestion par objectifs à atteindre lorsque l’institution a obtenu une subvention d’Etat. Ces objectifs seraient divers : avoir un certain nombre de spectateurs issus d’un milieu défavorisé, avoir mis en avant un certain nombre de nouveaux talents…
Ecole / Histoire de l’art:
l’éducation artistique et culturelle a été l’ambition de Jack Lang et Catherine Tasca en 2000. Ils souhaitaient ainsi privilégier la rencontre avec les oeuvres dès le plus jeune âge. Depuis, l’éducation artistique et culturelle est présente dans tous les discours politiques. Le Ministère de l’éducation a donc accentué l’enseignement artistique et le Ministère de la culture s’est engagé aux côtés des collectivités territoriales pour soutenir des programmes spécifiques tels que les ateliers artistiques, les classes à horaires aménagés. La spécialisation de ces projets les rend facultatifs dans l’enseignement et très dépendants de financements publics, ce qui fragilise leur position. A contrario, l’enseignement de l’histoire des arts est devenu obligatoire depuis 2008. Les efforts préalables ont été surtout pour l’enseignement supérieur, en créant l’institut national d’histoire de l’art en 2001 (abritant 2 millions de documents). Cet enseignement favorise la compréhension du monde en soulignant le patrimoine commun partagé entre les différents citoyens.
→ Le Ministère de la Culture est donc attendu à présent pour clarifier le statut des enseignants donnant le cours d’histoire des arts (souvent donné par le professeur d’histoire) et d’avoir également un plan stratégique pour les écoles d’art spécialisées, leurs financements et leurs débouchés. Les échanges entre les ministères de la culture et éducations sont à densifier.
Librairies:
La France possède l’un des réseaux les plus étoffés dans le monde, avec 25 000 points de vente dont 3000 indépendants. Les libraires conseillent directement le lecteur, participent de la découverte de nouveaux auteurs, soutiennent la diversité des titres. Mais les ventes baissent considérablement. Les ventes en ligne se sont multipliées et la lecture en ligne gagne du terrain.
→ Une plateforme de bonnes pratiques a vu le jour et l’Etat régule en imposant un TVA réduite et subvenant au Centre national du Livre.
Web:
En 1997, moins de 1% des ménages avaient Internet, contre 80 % aujourd’hui. L’arrivée d’Internet a considérablement modifié notre mode de consommation culturelle, les réseaux sociaux ont fleuri partout. Internet est devenu un outil essentiel dans la démocratisation culturelle. Il est donc urgent de mettre en place une véritable politique d’éducation à l’image et d’avoir systématiquement une programmation spécifique pour Internet. Jusqu’à présent, la politique envisagée est plus répressive et défensive avec des mesures prioritaires ont été pour lutter contre le piratage (Loi Hadopi).
→ D’autres priorités s’offrent à présent, comme favoriser une offre culturelle de qualité (payante) à l’instar de Deezer, Spotify et la diffusion à un niveau européen avec des règles équitables au sein de l’U.E., favoriser le rapprochement entre les PME et le secteur de l’industrie culturelle.
- Réaffirmer le rôle central du Ministère de la culture
Budget:
Chaque automne, le projet de loi finance pour la nouvelle année est annoncé. Le budget de la culture représente au grand maximum 1% du budget de l’Etat. Mais en tenant compte des subventions des ministères de l’Education nationale et celui des affaires étrangères, le budget dédié à la culture atteint les 2% du budget de l’Etat. Actuellement, ce budget stagne.
→ Il est donc important d’affirmer la politique d’Etat en priorisant les dépenses; en privilégiant les sujets d’intérêt national, où ni le privé ni la collectivité territoriale ne pourraient prendre le dessus.
Décentralisation:
Régions, départements et communes dépensent plus du double du budget de l’Etat dans la culture.
→ En ayant une politique volontariste, il serait possible d’améliorer le partage des compétences, en les identifiant tout en laissant à l’Etat un rôle d’impulseur et en lui permettant de se concentrer sur les institutions d’intérêt national.
Démocratisation culturelle:
Le décret de 1959 sommait le Ministère de la Culture de “rendre accessible des oeuvres capitales de l’humanité” en France, au plus grand nombre de Français. Depuis 40 ans, les enquêtes sur les pratiques culturelles des Français montrent que l’accès à la culture est toujours très inégal. On constate la hausse de la fréquentation des salles de cinéma, le grand nombre d’utilisateurs d’Internet de de jeux vidéo, à l’inverse, la lecture et la fréquentation de spectacles ont fortement diminué. La fréquentation des musées et des expositions a connu une belle hausse et tend à stagner. Ces enquêtes soulignent la persistance sur la durée des inégalités sociales et géographiques pour accéder à la culture. Cette fracture sociale est plus liée à des facteurs économiques, sociaux et politiques qu’à une seule politique culturelle à mener. Il est à noter que l’offre culturelle, quelle que soit sa qualité, ne déclenche pas systématiquement une demande du public.
Economie culturelle :
L’économie culturelle est à la mode. En 2014, Aurélie Filippetti demande une étude sur le PIB culturel concernant les 10 secteurs clés (arts visuels, musique, spectacle, cinéma, TV, radio, jeu vidéo, livre, presse, publicité et communication). Les revenus annuels sont estimés à 84 milliards d’euros, pour 1,3 millions de personnes employées. L’impact de cet investissement se fait également sentir sur le développement local et son attractivité touristique. Simultanément, la notion outre-Manche de “creative industrie” concernant la reproduction à grande échelle d’un prototype s’adapte à notre conception de culture, englobant alors les monuments historiques, les musées, l’architecture et le marché de l’art. La finalité est donc différente de celle de l’industrie créative. Le regroupement de ces mondes différents pour les valoriser sous l’angle économique fait craindre une banalisation de l’idée de culture.
→ C’est donc au Ministère de la culture de veiller à ce que cette dérive n’ait pas lieu et à les réguler… Quand est-ce qu’il demandera un rapport sur l’impact éducatif et social de la culture en France?
Exception culturelle:
Guillaume Cerutti interroge ici un concept intéressant: une réalité qui dépasse une simple expression de langage. L’exception culturelle est la pierre angulaire de la politique culturelle en France. Les biens culturels ne sont pas comme les autres et échappent aux règles du marché. En interne, cette réalité multiplie les cas d’unicité: prix unique du livre, quotas imposés pour la diffusion de chansons à la radio… Autant de “contraintes” qui se veulent surtout des garanties pour protéger la diversité de création. La culture française est ainsi devenue en 20 ans, un fer de lance dans la diplomatie culturelle. Pourtant, avec Internet, les échanges s’accélèrent et les règles ne sont pas les mêmes pour des acteurs identiques.
→ La France doit donc redéfinir son statut au niveau européen. En 2013, le rapport de Pierre Lescure “Acte II de l’exception culturelle” n’a pas eu de conséquence notable. Peut-on alors espérer du prochain Ministère de la culture une proposition pour traiter le droit d’auteur au niveau Européen? Il devient en effet urgent de renforcer la protection des droits des créateurs en les adaptant aux nouveaux enjeux de notre monde.
Inaliénabilité:
Les musées ne peuvent vendre leur collection publique, c’est un principe phare dans la politique des musées de France. La mission de Jacques Rigaud en 2008 a donné un rapport pour l’Assemblée nationale en 2014 expliquant que la vente d’oeuvres jugées mineures aujourd’hui serait un risque. Les musées pourraient ainsi se séparer d’un chef d’oeuvre de demain. Le déclassement et l’aliénation est cependant possible selon la loi musée du 3 janvier 2002, lorsqu’il faut restituer des oeuvres à des Etats étrangers. Les oeuvres des FRAC sont aussi inaliénables. Pour Cerutti, il conviendrait de vendre les oeuvres non documentées, non exploitables pour enrichir d’autres fonds. Il souhaiterait qu’un conseil composé de conservateurs et d’historiens de l’art en fasse l’expérience dans un musée national.
ISF:
Chaque année, lors de la discussion de la loi finance, il est suggéré d’intégrer les oeuvres d’art au calcul de l’ISF. Cet ajout serait désastreux et provoquerait une baisse du patrimoine artistique national en privilégiant la fuite des oeuvres vers d’autres pays où il y a moins de taxes. Les dations et donations seraient fragilisées par cette mesure. Le marché de l’art n’offrant pas de garantie sur le long terme à la différence de l’immobilier serait aussi touché. Concrètement, l’exercice est délicat à mettre en oeuvre, car il implique l’évaluation de chaque oeuvre de chaque particulier, puis de tenir compte de l’évolution des cotes du marché de l’art! Le rendement total prévu est de 1 à 2 % de l’ISF, sans compter les divers impacts négatifs précités.
Mécénat :
Particuliers et entreprises peuvent participer aux projets culturels. La loi musée du 4 janvier 2002 rend la France la plus attractive dans le monde pour le mécénat. L’essor ne se fait pas attendre et les résultats sont incroyables: 150 millions d’euros en 2002 contre 1200 millions en 2012 (dont ¼ pour la culture). Le mécénat qui était vu alors comme un complément a maintenant un rôle phare dans la réalisation des projets culturels. Les musées ont aussi changé d’attitude et vont jusqu’à nommer des salles en l’honneur de leurs mécènes. Cer derniers ont aussi changé leur demande: il ne s’agit plus d’améliorer leur image. Les mécènes souhaitent à présent que les salariés s’impliquent.
→ Le mécénat de particuliers a de beaux jours devant lui et il serait intéressant de prévoir des avantages fiscaux en cas de contribution à l’achat d’une oeuvre.
Ministère de la culture:
Les dépenses de fonctionnement sont toujours en hausse, alors que la dotation de son budget est stagnante. La marge de manoeuvre est donc très restreinte. Le système reste extrêmement centralisé malgré la légère augmentation d’établissements publics indépendants comme le Louvre, l’Opéra de Paris, la Réunion des musées nationaux… les collectivités territoriales ont aussi confirmé leur position. → Il est donc à présent nécessaire d’avoir une réflexion volontaire pour le patrimoine et la création. Une refonte du ministère pourrait être envisagée, ainsi qu’une action sur un plan pluri-annuel en faveur du patrimoine historique. L’Etat pourrait aussi privilégier le soutien à la création qui ne peut obtenir d’aide des collectivités territoriales. Le “saupoudrage de subventions” pourrait laisser place à amélioration choisie et assumée de l’enseignement de l’histoire des arts et de l’apprentissage artistique hors école. Ainsi, l’Etat conserverait son rôle de catalyseur, inscrirait son action sur une une longue durée et resterait une boîte à idées.
Patrimoine:
Considéré comme l’un des 3 piliers de la politique culturelle : création, transmission, patrimoine. Ce dernier apparaît comme le parent pauvre par rapport à l’éducation artistique. Le dernier rapport sur l’état général du patrimoine monumental date de 2007. À ce moment là, 41% des monuments étaient en mauvais état ou en péril contre 32% en 2002. Depuis, le nombre de monuments classé a augmenté pour atteindre 44 000 unités, alors que l’enveloppe annuelle reste identique: 300 millions d’euros. Retards, délabrements ne font que croître et ses bâtiments deviennent des charges pour les collectivités territoriales. La loi création de 2016 a créé un nouveau concept “cité historique” qui devait remplacer les secteurs sauvegardés et les ZPPAUP. Cette proposition, affaiblissant considérablement la protection des monuments et leurs abords a suscité un véritable tollé et le Sénat a modifié le texte, pour que l’essentiel du dispositif de protection soit préservé.
Quartier:
Il existe un “apartheid territorial, social, ethique” frappant les quartiers. Pour essayer de pallier cette fracture sociale, en 2014, une Convention triennale avec le Ministère de la Ville a été signée, en vue d’inscrire une politique culturelle sur une longue durée dans la ville. Cela se traduit localement par une contrat Etat -collectivité territoriale.
→ Pour réussir, il est nécessaire d’avoir des acteurs de terrains, proches des populations, pour assurer le relais avec les institutions culturelles. Quant aux établissements publics, ils devraient renforcer leur politique des publics.
Rayonnement:
Selon Guilaume Cerutti, le rayonnement de la France est en déclin à l’instar des pays occidentaux. Sa production littéraire comme cinématographique est trop spécifique et le renouveau artistique n’est pas assez fort. En parallèle, les soutiens publics se montrent assez ambivalents alors qu’ils ont un rôle central dans le rayonnement culturel de la France. Le Quai d’Orsay soutient chaque année près de 50 000 manifestations artistiques dans 150 pays, soit 20 fois plus que le British Council. Son action gagnerait donc à être plus élaborée avec le Ministère de la Culture.
Union Européenne:
La culture n’était pas présente dans le Traité de Rome de 1957. Il semblerait avoir un paradoxe entre la circulation des biens en Europe et l’exception culturelle française. Il serait bon de développer le soutien pour l’itinérance d’expositions, la coproduction de films et de spectacles. La TVA sur les oeuvres est un handicap pour la compétitivité du marché de l’art en Europe.
→ Ce marché pourrait être soutenu par des stratégies fiscales, à l’instar de celles qui sont offertes aux multinationales. La France aurait besoin de créer un organisme comme le British Art Market, qui puisse défendre les intérêts communs des professionnels du marché l’art.
Conclusion de France Audacieuse :
On ne peut que recommander la lecture attentive de cet ouvrage, construit à la manière d’un dictionnaire. Un connaisseur hors norme du secteur livre ici une analyse sans faux semblant. France Audacieuse ne saurait que soutenir activement cette démarche ainsi que la réflexion en profondeur sur ces sujets structurants.
Bonne lecture à tous !
Magdalena Ruiz Marmolejo
11 juin 2017 |