L’actualité politique française et internationale de ces derniers jours s’emballe : l’élection de Trump, la visite lourde de sens de Nigel Farage au « President Elect », la course au finish de Fillon à la Primaire de la Droite et du Centre, la COP 22 à Marrakech alors que la COP 21 est fragilisée par les USA … et Emmanuel Macron !
C’est son grand jour … Emmanuel Macron a soigné sa fenêtre de tir médiatique pour annoncer sa candidature officielle à la Présidence de la République. Journal télévisé à 20 heures hier soir pour nous prévenir de l’imminence de cette déclaration, retransmission en direct par ses équipes sur les réseaux sociaux de son annonce depuis Bobigny.
Il sera l’invité de France 2 ce soir pour revenir sur sa déclaration. La boucle sera bouclée… d’un point de vue médiatique. Mais est-ce suffisant ? Je ne le pense pas.
En février 2016, j’avais eu l’occasion de l’écouter, alors encore Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, lors d’un débat en comité relativement restreint autour du thème des « Difficultés de la réforme en France et comment y remédier ».
Il était visiblement trop à l’étroit dans un carcan dont il avait déjà envie de se libérer. Allant loin dans un discours de vérité pour un membre du gouvernement, le grand soir était appelé de ses vœux non pour porter une réforme, mot usé à ses yeux, mais bien plus une refondation ou une transformation de notre pays. Il préparait sa route.
Depuis, il a marché … vers Tulle ou Compostelle, cela reste encore un mystère. Les marcheurs, les audités, les donateurs, les journalistes, les politiques concurrents, les citoyens… tous attendent le contenu du programme qu’il portera. Ils étaient patients mais ils sont devenus, à juste titre, impatients. Et il est même à craindre qu’ils restent sur leur faim.
Certes, les Français sont séduits par cette personnalité riche et atypique, excellent orateur au physique de Kennedy, qui donne du souffle bienvenu à notre débat national.
Mais il ne lui suffira pas de surfer sur les réseaux sociaux, avec des solutions rappelant la “boîte à outils” de François Hollande ou les Désirs d’Avenir de Ségolène Royal pour convaincre largement sur un projet encore fantôme.
Nombre d’électeurs favorablement curieux de sa démarche resteront sur le bord de la route tant qu’il n’aura pas tracé une voie, une vision, un projet pour notre pays et pas uniquement proposé de construire des solutions en repartant de la vie des citoyens.
Fort de quelques 100.000 marcheurs seulement, avec un maillage territorial dont il s’apercevra en campagne présidentielle qu’il est bien maigre, Emmanuel Macron croit aux sondages et en sa bonne étoile.
Il devrait pourtant être perplexe : le vote en faveur du Brexit a pris les sondeurs de court, tout comme l’élection de Trump, la présence potentielle de Fillon au 2nd tour de la primaire de la droite et du centre, etc…. Le peuple a décidé de s’exprimer, au risque de tout atomiser, car la coupe est pleine.
Pause donc. Imposons-nous un exercice de mise en perspective. Le monde d’aujourd’hui est complexe et paradoxal. Les citoyens disent vouloir du fond mais ils votent sur la forme, ils aiment ce monde ouvert qui est leur quotidien mais votent pour le retour sur soi. Ils veulent surtout exister.
A l’instar des Britanniques ou les Américains, les Français sont véritablement lassés par 40 ans de vie politique qui nous auront mené dans le mur. Ils souhaitent une profonde rupture dans le choix des personnages politiques qu’on leur inflige depuis de nombreuses années.
La société civile tente de s’organiser pour peser dans le débat politique. Des initiatives méritantes comme La Primaire des Français (75.000 signataires), La Primaire.org, La Vraie Primaire tentent d’exister mais force est de constater qu’elles n’arrivent pas à émerger.
Même La Maison des Citoyens d’Alexandre Jardin qui connaît un certain succès médiatique ne propose rien d’autre qu’un rassemblement bienveillant fondé sur le rejet de la classe politique déconnectée…
Alors assumons un discours de vérité : les mouvements citoyens n’ont pas pris la mesure que la seule contestation ne suffit pas à construire une vaste force politique.
Ils n’ont pas encore structuré une doctrine programmatique suffisamment claire, fouillée, construite permettant un large rassemblement de la société civile, sur une ligne cohérente.
Les contours de ces mouvements sont encore trop flous et font cohabiter à la fois des citoyens appelant de leurs vœux une révolution démocratique quasi révolutionnaire … avec des citoyens simplement déçus de la qualité de la classe politique qui nous gouverne.
Il incombe désormais à la société civile de se faire entendre et de proposer des alternatives réellement disruptives sur le fond pour apporter sa pierre à la refondation politique. Sans travail, point de salut.
Mais attention, si l’on demande au peuple de s’exprimer, il faut être prêt à accepter son verdict et ne pas remettre en cause sa décision.
Les donneurs de leçons de morale qui ne respectent plus les urnes lorsque le résultat n’est pas celui qu’ils attendaient ont une attitude déplorable. Au lieu d’accepter leur défaite, ils nient la réalité démocratique en n’acceptant plus la règle du jeu quand ils perdent.
Pour conclure, prenons garde à ne pas marcher trop loin et avec trop d’insouciance.
Les think tanks, dont le rôle dans le débat présidentiel a été souligné dans un article publié le 11 novembre dernier sur Lepoint.fr, doivent avoir une capacité d’analyse libre et de prise de recul.
Les acteurs politiques ont désormais une lourde responsabilité : celle de ne pas décevoir les progressistes de tous bords politiques qu’ils appellent au secours de notre République malmenée.
La démocratie est un jeu dangereux.
Hommes et femmes politiques, mouvements citoyens, société civile, sphère médiatique : soyons individuellement et collectivement à la hauteur. C’est notre responsabilité.
Chère Alexia,
Les mvts citoyens ont, très tôt ( ref NCy) mis sur la table des contenus programmatiques riches, experts et aujourd’hui, les principales lignes de forces sont reprises, par la droite concernant la dette, les fonctionnaires, dépenses publique, emploi et par la gauche sur, notamment le sujet de la démocratie directe.
Nous manquons de pertinence électorale vis à vis de l’électeur lambda, qui aime et encourage nos actions, notre investissement mais qui, et c’est là le grand paradoxe, ne vote pas pour nous.
“Ils” ‘ les électeurs, avoir l’assurance que leur vote va “payer” et sur ce point et malgré nous, bien sur, nous avons mis l’accent sur le mode d’élection, les carriéristes-cumulards, le statut de l’élu, les médias-complices … servant de fait les extrêmes plus que nous.
Un comble quand ces mvts citoyens sont justement là pour éviter ce vote par défaut …
Question :
Est-il plus aisé de réunir sur une même plate forme et donc LE projet , les mvts citoyens sur :
Une action de niveau parlementaire pour une proposition de loi concernant la “votation” et donc envoyer, par le BV de chacun des #députéscitoyens à l’A.N pour atteindre cette objectif.
Nul doute qu’une poignet de députés-cutoyens + qq autres serait le caillou dans la chaussure au parlement .